Voici un paragraphe du livre que je viens d’acheter. « Prélude à une vie heureuse » de Alexandre Delmar.

Le personnage a toujours renier le fait d’être homosexuelle, même parfois des envies de suicides lui venaient à l’esprit pour mieux supporter cette vie qu’il ne peut accepter qu’il ne peut comprendre. Alors voici le paragraphe où enfin il fait pour la première fois l’amour avec un garçon. Je trouve ce passage cirant de vérité même si je n’ai pas vécu ce genre de situation.

 

« Je m’endors très rapidement. Je ne vois pas passer la nuit. Au réveil, je me dirige vers ma salle de bain quand un vif sentiment de peur m’envahit. Je suis presque tétanisé en apercevant le miroir dans l’embrasure de la porte. Je me force à avancer, mais une force invisible me retient. Je ne suis plus qu’à quelques mètres. Je ferme les yeux et me positionne devant la glace. En les ouvrant, je découvre le visage d’un garçon que je trouve beau. Hier encore je le trouvais quelconque, parfois moche et aujourd’hui ce n’est plus le cas. Ce garçon, c’est moi. Je me mets alors à rire. Mais je ris jaune : pendant toutes ces années on m’avait donc menti, on avait tenté de diaboliser une chose aussi belle que l’amour entre deux garçons. J’ai envie de vomir en m’apercevant que toutes les années qui se sont écoulées m’ont été en fait honteusement volées. Je repense à tous ces instants que j’ai passées à envisager d’en finir avec la vie alors qu’il me suffisait simplement d’embrasser un garçon pour être enfin moi-même. J’ai vingt-quatre ans, dix à douze ans m’ont été volés, soit la moitié de ma vie. La moitié de ma vie, bordel… et je ne peux attaquer personne en justice pour demander réparation. Quand bien même je le pourrais, ce n’est pas de l’argent que je voudrais recevoir. Je voudrais juste qu’on me rende toutes ces années,qu’on remette mon compteur à zéro d’un simple claquement de doigts pour que je puisse tout recommencer en sachant ce que je sais à présent. J’en veux à la terre entière de m’avoir fait aussi mal, de m’avoir empêché de vivre, d’exister, de m’épanouir, de devenir me p’iti mec cool que j’aurais dû être depuis le début. Pourquoi n’ai-je pas eu plus tôt le courage d’aller à l’encontre de tout ce que j’avais pu entendre sur l’homosexualité ? Oui, pourquoi ? pourquoi cette volonté de lutter contre ce que j’étais réellement ? dans le seul but de me conformer aux normes de la société, de ce putain de « socialement correct » dont on bourre honteusement le crâne de tout un chacun dès son plus jeune âge ? une femme, deux enfants, un chien, un monospace pour trimbaler tout ce petit monde et une maison avec un grand garage pour le ranger le soir venu après une dure journée de travail et un jardin, une piscine peut-être. C’est cette vie que moi aussi je voulais avoir ? de toute évidence, oui. Mais plus maintenant. Parce que maintenant je veux vivre, profiter de chaque jour, jouir au quotidien. »